The Spirit of Baltimore

Si on a coutume de penser que le whisky est un produit typiquement européen ou japonais, et que le bourbon est une boisson « made in USA », rien n’est moins vrai. La preuve : outre-Atlantique, de jeunes distilleries s’imposent sur le marché local pour offrir un coup de jeune au whisky, au point d’en faire la coqueluche des mixologues.

À l’image des microbrasseries qui voient le jour un peu partout en Europe depuis une dizaine d’années, le Nouveau Monde connaît un phénomène similaire en ce qui concerne le whisky, avec de nouvelles distilleries comme Sagamore, Rabbit Hole ou encore Traverse City. Car oui, avant d’être la mère-patrie du bourbon, les États-Unis ont d’abord été dominés par des whiskies en tout genre. Ce spiritueux a débarqué outre-Atlantique à la fin du XVIIIe siècle, avec l’arrivée des colons écossais et irlandais qui apportèrent dans leurs bagages l’art de la distillation des céréales, ce qui a donné naissance aux tout premiers whiskies américains. La dénomination « bourbon » ne s’imposera que bien plus tard pour désigner les whiskies élaborés principalement à base de maïs, alors que les recettes venues d’Europe privilégiaient l’orge, le seigle ou le blé. Il faudra attendre »¯1964 pour que le Congrès américain reconnaisse le bourbon comme un « produit typique des États-Unis » et mette en place des standards de production.

Du brassage à la fermentation en passant par la distillation, le vieillissement et la mise en bouteille, Sagamore veille à ce que chaque étape de la production de ses spiritueux soit effectuée dans les règles de l’art. © Sagamore

The Rye is Back

Dans le Maryland, le whisky a pris son essor après la guerre d’indépendance, la recette du cru se distinguant par le fait que la purée de seigle se voit enrichie de maïs, ainsi que d’une petite quantité d’orge maltée. Ce mélange particulier confère au whisky local une saveur plus douce que la saveur propre au whisky de seigle. Le rye whisky est né. Rapidement, ce dernier gagne ses lettres de noblesse dans toute l’Amérique du Nord, au point que dès le début de la prohibition dans les années 1920, il devient l’un des alcools clandestins les plus produits du pays ! Tombé en désuétude durant la seconde moitié du XXe siècle, il revient en force grâce à des cocktails à succès comme le Whisky Sour, le Manhattan ou l’Old Fashioned, trois incontournables de la mixologie internationale.

Une résurrection nommée Sagamore

La distillerie Sagamore est née en 2013, avec pour objectif de bousculer le petit monde du whisky de seigle. Un projet audacieux que l’on doit à Kevin Plank, le fondateur de la marque de vêtements de sport Under Armour. Son idée de base était simple : créer un whisky de seigle imitant le style du Maryland Rye original, importé par les colons européens il y a plus de deux siècles, tout en lui apportant une touche contemporaine. Pour y parvenir, son équipe a opté pour un mélange combinant deux moûts : l’un riche en seigle, pour la complexité épicée, et l’autre plus doux, qui contribue à l’équilibre et à la rondeur. « Les distilleries américaines ne sont pas limitées par des traditions séculaires comme c’est le cas en Écosse ou en Irlande. Une liberté qui autorise une plus grande innovation et qui permet de créer des profils de saveur uniques, » explique Cindy Decrock de chez Disaronno, société italienne qui a acquis une participation majoritaire dans la jeune distillerie américaine.

Le Washington Monument, du haut de ses 55 mètres, domine le quartier de Mount Vernon, le cœur historique de Baltimore. © Visit Baltimore/Jason Varney

L’accord parfait

Berceau historique du rye whisky, Baltimore est une destination incontournable pour tous les amateurs de ce spiritueux et, plus globalement, de bars branchés où l’on sert les derniers cocktails qui font le buzz. Surnommée Charm City, la capitale du Maryland offre une scène gastronomique et mixologique dynamique, qui se distingue notamment par ses spécialités dérivées des produits de la mer, à l’image des crab cakes, de moelleuses galettes de crabe, mais aussi des huîtres de la baie de Chesapeake ou encore des palourdes façon « clambake », une sorte de cassolette du pêcheur. Nombreux sont les restaurants qui mettent en avant les produits et plats locaux et qui les revisitent avec une touche de modernité. Les bistros de la ville ont aussi tendance à associer le rye whisky à la gastronomie, les notes épicées et douces du nectar local se mariant parfaitement avec les produits de la mer. En outre, les bars à huîtres proposent souvent des dégustations où le whisky remplace le traditionnel verre de vin blanc, pour une alternative aussi audacieuse qu’harmonieuse.

Il est aussi possible de visiter certaines distilleries locales, à l’image de celle de Sagamore, ouverte au public du mercredi au dimanche. On y trouve également un bar à whisky, le Nineteen O’ Nine, qui est quant à lui ouvert du jeudi au dimanche. Enfin, sachez que les spiritueux de Sagamore sont disponibles depuis peu sur le marché luxembourgeois !

Les crab cakes de Baltimore sont réputés pour leur forte teneur en chair de crabe, leur faible teneur en matière grasse et leur assaisonnement raffiné. © Alexandra Tran

www.sagamorespirit.com

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