La mégapole canadienne s’efforce de préserver son riche patrimoine tout en embrassant la modernité.
Si la ville natale de l’architecte Frank Gehry et de Neil Young « ” entre autres « ” attire chaque année des millions de visiteurs, c’est qu’elle déploie un large éventail d’attractions pour tous les goûts, de ses orgueilleux gratte-ciel à ses effervescents quartiers multiculturels. En prime : des musées d’envergure mondiale et des espaces naturels préservés.

La silhouette de Toronto est dominée par l’emblématique Tour CN, qui s’élève à 553 mètres. C’est un bon plan pour prendre ses repères. Le visiteur profitera d’un réseau de transports publics efficace avec métro, tramway et bus, ou se déplacera à pied, judicieuse alternative pour s’aventurer hors des sentiers battus.
Un creuset cosmopolite
Imagine-t-on que Toronto abrite une population provenant de plus de 200 pays ? Cette diversité se reflète dans les quartiers distincts de la ville, chacun avec son propre caractère et sa propre cuisine. Explorez Little Italy pour ses boutiques, visitez Kensington Market pour son atmosphère bohème et ses trouvailles uniques, ou immergez-vous dans Chinatown (on y découvre, de façon inattendue, une belle concentration de street art, surtout dans les arrière-cours) !
Comme on pourrait s’y attendre, la scène culinaire est ici l’une des plus diversifiées au monde, allant des saveurs asiatiques aux parfums caribéens en passant par la restauration rapide. « Je viens de l’Utah, déclare ce voyageur américain, et je dois bien reconnaître que leurs fast food sont bien meilleurs que les nôtres ! »
Toronto abrite une multitude de bonnes tables qui proposent des cuisines plus méconnues. On y savoure les délices de l’Éthiopie ou les plats raffinés du Liban.

Précieuse statue de moine de la collection chinoise du Musée Royal de l’Ontario.

Cabbagetown est un quartier historique de charmantes maisons victoriennes, de cafés et de boutiques.
Soif de culture
Les amateurs d’art et d’histoire ne sont pas laissés pour compte. Le Musée royal de l’Ontario abrite une vaste collection d’artefacts et d’expositions couvrant des civilisations du monde entier ; celui des beaux-arts présente des chefs-d’œuvre de maîtres européens et canadiens, tandis que la collection Bata « ” moins attendue « ” expose des modèles de chaussures originales portées par Marilyn Monroe ou Elton John.
Tout au long de l’année, une multitude d’événements fait office d’aimants culturels. Le Festival international du film de Toronto est l’un des plus importants au monde. À noter que le décor urbain de la ville attire de nombreux cinéastes, souvent pour représenter New York dans leurs productions (en raison sans doute, d’une skyline comparable).

Architecture
« Ici comme ailleurs, divers règlements « ” municipaux, provinciaux et fédéraux « ” protègent les édifices patrimoniaux. La quête d’équilibre entre tradition et innovation nous pose une question particulière : faut-il intégrer les anciennes bâtisses aux nouvelles constructions, les maintenir au pied des gratte-ciel contemporains… ou les condamner ? », se demande Harwey, consultant en urbanisation.
L’âge, le style architectural, l’histoire et l’association à des personnalités ou événements marquants signent la valeur patrimoniale des bâtiments. Une analyse approfondie de la structure, de la fondation et des matériaux détermine s’ils peuvent être conservés. Les immeubles patrimoniaux offrent des possibilités uniques de revitalisation urbaine ; leur réhabilitation peut stimuler le développement commercial, créer des espaces publics attrayants et favoriser la mixité sociale.

qui met en lumière cette forme d’expression.
Assemblages
« L’intégration de bâtisses anciennes dans un nouveau projet immobilier doit s’harmoniser avec l’environnement bâti existant et respecter l’échelle, le style et les caractéristiques du quartier. Des consultations publiques permettent de recueillir les commentaires et les préoccupations des résidents. », précise encore Harwey.

L’architecture de Toronto est une combinaison éclectique de styles allant du géorgien (XIXe siècle) aux tendances postmodernes du XXIe siècle… et au-delà.

Avec une collection de plus de 90 000 œuvres, le Musée des beaux-arts de l’Ontario est l’un des plus distingués d’Amérique du Nord.
À Toronto, plusieurs exemples illustrent la réussite de l’intégration du patrimoine bâti : le Distillery District « ” ancienne distillerie de whisky transformée en quartier piéton avec des boutiques, des restaurants et des galeries d’art « ” ou St Lawrence Market, marché historique flanqué d’une nouvelle aile contemporaine.
C’est surtout en se baladant le nez en l’air dans les différents quartiers que l’on notera un peu partout le caractère hybride et plaisant de cette ruche de brique, d’acier et de béton.
Nocturne branchitude
« Lorsqu’il s’agit de faire la fête, Toronto répond présent ! », affirme Sheila, employée d’Evangeline, un bar doté d’une superbe terrasse perchée sur le toit d’un hôtel. De fait, la ville abrite une multitude de clubs et lounges garantissant une soirée inoubliable aux noctambules les plus exigeants. Ces derniers se retrouvent à Queen Street West, zone tendance où se côtoient pubs anglais traditionnels et bars à cocktails.
« Globalement, Toronto est une ville sûre, affirme Sheila. Le taux de criminalité y est nettement inférieur à celui d’autres grandes villes nord-américaines. Cependant, comme dans toute agglomération urbaine, il existe des zones à éviter. Je ne m’aventurerais pas seule dans Jane and Finch, à deux heures du matin, par exemple. » Ce quartier du nord-ouest est connu pour ses problèmes de gangs et de violence liés aux armes à feu. Mais qui voudrait ici tenter le diable ?
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Texte et photos: Bernard Pichon